Un « bon » rapport PISA!

Et si nos élèves étaient meilleurs que l’on ne croit ? Mauvais en maths, mais capables de logique et d’initiatives pour démêler les difficultés d’un problème. Une enquête PISA inédite sur « les résolutions de problèmes »  montre que les jeunes Français se situent devant leurs camarades européens et américains.

De même,  quand il s’agit de résoudre des problèmes, les élèves des milieux défavorisés se débrouillent mieux que ceux issus des classes supérieures à niveau scolaire égal.

Un petit tour à l’étranger

La FreieSchule Tempelhof est une école primaire à statut associatif installée au sud de Berlin, L’école survit grâce à des frais de scolarité 100 euros par mois et 40 € de demi-pension). On n’y trouve ni classe (que ce soit au sens de groupe constitué ou de salle de cours), ni cloche, ni règlement intérieur, ni emploi du temps, ni programme scolaire…

Le «  credo » est que le règlement, imposé par l´adulte déresponsabilise, invite à suivre des préceptes et dispense l’enfant d’un travail sur soi lui permettant de trouver sa place dans le groupe de façon autonome.

Il n’y a pas de notes à l’école. La motivation doit naître des intérêts propres à chaque enfant et non de la comparaison des résultats. Ailleurs les notes justifient l’orientation… à la FreieSchule. L’accès de tous à la filière générale est considéré comme un droit.

 

Les élèves français surexposés aux écrans ? 

Des pédiatres américains dans une étude référence de 2007, ont montré que l’exposition aux images audiovisuelles avant 5 ans peut avoir des effets très problématiques sur le développement du cerveau. Depuis la parution de cette étude, avec la croissance du smartphone et des tablettes, le problème n’a cessé de s’amplifier, notamment dans les classes populaires.

40% des bébés d’un an aux Etats-Unis regardent déjà des images animées et 90% des enfants de trois ans. La France suit la même tendance. L’effet de tout cela, c’est la fragilisation voire la destruction des capacités d’attention. Entre 0 et 3 ans, un enfant communique de manière essentiellement motrice. Mais cette motricité se trouve court-cuitée par les médias audiovisuels. Résultat, les enfants ont de grandes difficultés au niveau du langage et de l’écriture. On ne peut pas construire l’apprentissage de la lecture s’il n’y a pas de bonnes fondations de l’appareil psychique, c’est-à-dire un apprentissage de la langue et, avant cela, de la motricité.

Un ministre de l’E.N. au Panthéon

 Jean Zay, ministre de l’éducation nationale de Léon Blum, a été, en 1940, le premier condamné politique du régime de Pétain. Sa peine est volontairement la même que celle de Dreyfus (il est juif…): dégradation militaire et déportation à vie Incarcéré pendant quarante mois à la maison d’arrêt de Riom, il disparaît mystérieusement le 20 juin 1944 et est assassiné par la milice.

En tant que ministre de l’Education du Front populaire il est l’auteur  de la loi de 1936 prolongeant la scolarité obligatoire de 13 ans à 14 ans révolus par la création d’une classe supplémentaire, celle de « fin d’études ». Classe dont il disait « Cette classe ne saurait à aucun degré être considérée comme un refuge pour les enfants incapables de faire autre chose; elle recevra beaucoup d’excellents élèves qui, pour des raisons variées, ne chercheront pas leur place dans le second degré ». Paradoxalement ce que l’on pourrait appeler la réforme  Jean Zay s’est faite sans loi : Les instructions de 1937  reçurent   le soutien public de Célestin Freinet. Il  institue entre autres,  trois heures « d’activités dirigées » par semaine, (introduites d’abord dans les « classes de fin d’études » nouvellement créées, puis généralisées ensuite à d’autres classes du primaire).  « On peut concevoir une infinité de modalités dans l’organisation de ces heures. C’est la promenade au cours de laquelle la conversation est orientée vers l’analyse du paysage. Leçon de géographie, de botanique ? Non certes; mais un appel à l’observation directe […]. C’est la visite d’un monument historique devant lequel s’éveille le sens du passé […]. Ce sont des visites de chantier ou d’usines moins orientées vers la connaissance d’une technique changeante que destinées à donner à l’enfant le sens de la grandeur et de la noblesse de l’effort humain […]. Ce sont enfin et surtout les initiatives de l’élève ou du groupe d’élèves que l’on recueille, que l’on stimule, dont on favorise l’éclosion et le développement dans une atmosphère de liberté réglée ».

Ecole publique, fonds publics :

une évolution  inquiétante

L’éducation dans le monde serait-elle, est-elle en train de se privatiser ? C’est le scénario que décrit le numéro d’avril 2014 de la Revue internationale d’Education de Sèvres. Alors que l’impératif budgétaire s’impose comme jamais en France, elle vient scruter les modes de financement de l’Ecole dans le monde. Elle trouve de la diversité (le Burkina Faso ce n’est pas la Norvège) mais surtout des points communs. Partout l’Etat recule devant une privatisation montante de la dépense d’éducation. Partout les frontières entre le privé et le public s’estompent. Serait-ce la mise en place d’un marché éducatif ?

Laïcité

L’Observatoire de la laïcité a publié son premier rapport annuel (2013–2014), Les « problèmes ne sont  pas excessivement nombreux » sur le terrain, même s’il y a « une poussée de revendications communautaristes », selon son président Jean-Louis Bianco qui ajoute un certain nombre se règlent par le dialogue ». »Il y a malgré tout indiscutablement une poussée de revendications communautaristes, parfois agressives, qui peuvent poser des problèmes par exemple un très petit nombre d’incidents liés au non-respect de la loi de 2004″ proscrivant le port de signes religieux ostensibles à l’école. (dans une académie — non nommée -, « depuis la rentrée 2013, 25 exclusions temporaires ont été prononcées »).

Concernant la loi de 2010 interdisant le voile intégral dans l’espace public, le rapport fait état de 1.111 contrôles, pour 1.038 verbalisations. Plusieurs des mises en cause étant mul­ti­ré­ci­di­vistes, ce sont 594 femmes entièrement voilées qui ont été contrôlées, dont cinq verbalisées au moins 14 fois et une à 33

Plus d’un an après sa mise en place, Jean-Louis Bianco estime que le « principal chantier » de son institution, « c’est l’information ». « On a besoin de faire un énorme effort pédagogique dans ce pays pour que la laïcité, au-delà de l’adhésion à des principes, soit quelque chose de réellement vécu », souligne le président.

Connaissez-vous le «permis internet» ?

Il est  proposé conjointement par la gendarmerie nationale et l’assureur AXA aux élèves de CM2.

La FCPE a réagi reconnaissant que l’éducation au numérique doit bien être le lieu privilégié de

l’apprentissage à Internet mais proposer des modules de formation aux bonnes pratiques pour garantir des comportements « plus sûrs » ne répond pas avec pertinence à la vision de l’éducation au numérique défendue par la FCPE.

Ces séances sont conduites par des gendarmes ce qui fait apparaître Internet comme un danger dont il faudrait se prémunir alors que le numérique à l’Ecole doit être considéré comme une chance, et son utilisation doit être mise au service de la pédagogie.

La notion de permis laisse à penser qu’une fois obtenu, les élèves n’auraient plus besoin de l’accompagnement des adultes dans leur utilisation d’Internet, ce qui ne saurait à l’évidence être le cas.

Enfin, la présence d’une entreprise privée au sein de ce dispositif est une première lourde de conséquence qui remet en cause les principes de neutralité commerciale de l’école de la République.