D’abord, les textes

La circulaire d’application de la réforme des rythmes confirme le rôle central du DASEN qui arrêtera la nouvelle organisation du temps scolaire dans les écoles, après concertation avec le conseil d’école, et la commune ou l’EPCI compétent. Pour rendre son avis, il doit prendre en compte en priorité l’intérêt des élèves, mais aussi les contraintes représentées par exemple par l’organisation du service des enseignants titulaires remplaçants, les services partagés entre plusieurs écoles, ou encore les transports scolaires.

Les activités périscolaires proposées par les collectivités territoriales seront aménagées pour « offrir à chaque enfant un parcours éducatif cohérent et de qualité avant, pendant et après l’école ». Cette organisation sera formalisée dans le cadre du « projet éducatif territoral » (PEDT), qui fera l’objet d’une circulaire spécifique.

Les nouveaux rythmes prévoient 24 heures d’enseignement par semaine pour les élèves (incluant les devoirs), réparties sur 9 demi-journées dont le mercredi matin. Les cours ne pourront pas dépasser 5h30 par jour, avec des demi-journées de 3h30 maximum et une pause méridienne d’1h30 minimum. En complément des 24h de cours hebdomadaires, des activités pédagogiques en petit groupe prolongeront la journée : soutien scolaire pour les élèves en difficulté, aide au travail personnel, ou autre activité prévue par le projet d’école.

Des dérogations à ce cadre national pourront être accordées : horaires d’entrée et de sortie des cours, limite de 5h30 de cours par journée et de 3h30 par demi-journée, ou mise en place de la neuvième demi-journée travaillée le samedi matin au lieu du mercredi matin.

Puis la mise en place

Le ministre de l’Education Vincent Peillon a plaidé pour une « progressivité » de la réforme des rythmes scolaires, lors d’une rencontre avec des élus du Puy-de-Dôme.
Interpellé sur le coût de cette réforme pour les communes rurales, M. Peillon a affirmé que personne ne devait se sentir le couteau sous la gorge, car il y avait encore du temps pour se préparer. « Personne n’a été pris par surprise. On va faire les choses progressivement. Ne soyons pas stressés. Cette progressivité, j’y tiens », a-t-il affirmé. Début février, 19 des 50 plus grandes villes de France ont fait leur choix, 21 hésitent encore, 10 ont opté pour la rentrée 2014.

Refondation : le projet de loi

Le projet de loi pour la refondation de l’école, présenté le 23 janvier en Conseil des ministres, sera examiné en première lecture à l’Assemblée nationale à partir du 11 mars, a annoncé mardi le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies.
Ce « projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République », défendu par le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon, affirme notamment la priorité au primaire pour lutter contre l’échec scolaire et recrée une formation spécifique pour les professeurs.
En revanche, la refonte contestée des rythmes scolaires ne relève pas de ce projet de loi mais d’un décret.

A ce propos, un petit rappel !

L’école française scolarise depuis toujours les enfants de 2 à 6 ans, il est peut être temps de le rappeler, certes on ne préconise pas de scolariser tous les enfants de 2 ans, et surtout pas dans n’importe quelles conditions. L’école a su accueillir correctement (durant un âge d’or peut être ou dans certains contextes ?) cette tranche d’âge. Ces dernières années, c’est vrai, les 2 ans n’étaient pas tous à la fête, et on a perdu un savoir-faire dans cet accueil, il s’agira bien de reconstruire, de rebâtir, de renouer avec des pratiques.

Et les TICE à l’école ?

Missionnés par leur académie ou francs-tireurs, des enseignants commencent à utiliser les technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) dès la maternelle, ardoises numériques, tableaux numériques interactifs (TNI) et surtout tablettes tactiles. Simples, intuitives et ludiques, les tablettes offrent un apprentissage plus rapide qu’un ordinateur classique, et ceci dès le plus jeune âge, alors qu’à 3 ou 4 ans, les enfants ont encore des difficultés à utiliser la souris décentrée de l’écran. Les tout-petits, qui aiment la manipulation et l’exploration, sont très réceptifs aux tablettes.
Marc Philippe est enseignant de technologie détaché au CRDP de l’académie de Paris pour assister les enseignant aux usages des TICE, estime que le tableau numérique interactif rencontre de nombreuse réticences.
Ceux qui se lancent sont une minorité. Ce ne sont pas toujours les jeunes enseignants qui sont les plus à l’aise avec le TNI . Beaucoup d’entre eux croient maîtriser les outils mais ils perdent du temps, pour une raison simple : ils manquent de culture informatique.
Le matériel est parfois obsolète et bridé, ce qui rend impossible les mises à jour. Quand le matériel est récent, il n’est pas toujours homogène et il n’existe pas de solution pour importer un travail d’un tableau à l’autre. Autre problème, celui de l’information : nombreux sont les professeurs qui par exemple ne savent pas que l’établissement détenteur d’un TNI dispose d’une licence, laquelle donne le droit d’utiliser le logiciel sur place mais aussi sur les ordinateurs personnels des enseignants.
Atout majeur du TNI propre à séduire les enseignants : on peut interrompre un cours et l’enregistrer tel quel pour le reprendre au cours suivant, alors que sur un tableau classique, on efface systématiquement et l’on ne peut donc conserver aucune trace de son travail.

Tacit un logiciel pour la lecture

Développé par des psychologues de l’université de Rennes, le logiciel TACIT est actuellement utilisé par des milliers d’écoliers. Il s’adresse aux élèves de CE1 à CM2 pour les aider à acquérir les compétences langagières primordiales dans la compréhension de textes. TACIT travaille surtout le registre de la compréhension implicite dans les textes.

Histoire de faire réfléchir !

L’Académie des sciences a publié le 22 janvier un nouvel avis sur les usages du numérique. En mariant les apports de la psychologie, des neurosciences, des sciences cognitives, les académiciens demandent aux parents et aux enfants un effort de réflexion. Les recommandations nuancées de l’Académie sont soutenues par un discours binaire sur les formes d’intelligence qui pourrait nuire à leur application.
Niée encore parfois par des enseignants, la phobie scolaire est une pathologie touchant 1% de la population scolaire. Le décrochage, lui, est une difficulté d’apprentissage concernant 10 à 12% des élèves entrant au collège.

Et la morale laïque ?

Vincent Peillon a consacré un ouvrage à Buisson (1841-1932) qui avec Jules Ferry, a été le co-fondateur de l’école publique laïque, a présidé la Commission parlementaire sur la séparation dont Aristide Briand fut le rapporteur. Les deux thèmes principaux de la morale laïque historique étaient la « dignité » de tout être humain et la « solidarité » des humains entre eux, son but : permettre à chaque élève de s’émanciper, car le point de départ de la laïcité c’est le respect absolu de la liberté de conscience.

Lire la Lettre d’information 98 – février 2013 au format PDF